Dans l’univers culturel africain, il existe une relation active et dynamique entre le monde des vivants et le monde spirituel qui ne forment, en fait, qu’un tout. Ce qui les distingue essentiellement est leur degré de matérialité et de visibilité. Il existe plusieurs modes de communication entre les vivants et les esprits. Ces modes de communication incluent les rêves, les visions, la transcendance et les messages par le biais de la divination ou de l’intuition.
La divination est un autre mode de communication particulièrement important en Afrique. En effet, la divination permet aux vivants de prendre l’initiative de la communication avec les esprits. Cette initiative s’impose lorsque, ainsi que cela arrive inévitablement au cours de l’existence, une personne est confrontée à une situation pour laquelle les prières ordinaires ne sauraient suffire. Des réponses parfois urgentes, et souvent critiques, sont nécessaires. La divination est là pour répondre à ce besoin extra-ordinaire, et les Africains (même ceux et celles qui prétendent avoir adopté une religion étrangère qui interdit la divination!) n’hésitent pas à y avoir recours. La divination repose, en même temps qu’elle la renforce, sur la croyance dans la présence et l’existence bien réelle du monde spirituel.
La divination est un processus standardisé qui repose sur une discipline fondée sur une somme considérable d’informations. Le processus en question varie d’une société à l’autre, mais suit néanmoins toujours un schéma procédural bien déterminé grâce auquel des renseignements autrement inaccessibles sont obtenus. La tâche du devin étant extrêmement importante, ce n’est qu’à la suite d’un entraînement ardu, long et souvent coûteux, que l’on accède à cette fonction. En pays yorouba, par exemple, les prêtres dévoués à Ifa (Orounmila), l’orisha de la divination sont les Babalawos, littéralement `pères des secrets’ tandis que les prêtresses sont les Iyalawos. Les Balawos et les Iyalawos doivent, entre autres choses, apprendre et mémoriser non moins de 4.096 couplets, les Odu Ifa, afin d’être maîtres et maîtresses de leur art. A la fin de leur période de formation, qui peut facilement excéder dix années, ils sont soumis par d’autres Babalawos et Iyalawos déjà confirmés à plusieurs épreuves, dont l’épreuve de l’huile brûlante sur les mains sans que celles-ci ne souffrent de la moindre brûlure, le signe certain que la personne est bel et bien protégée, et par conséquent, capable de protéger les autres à son tour (Imasogie, 1985). Les Babalawos et Iyalawos jouissent naturellement de la plus haute estime, et sont les seuls prêtres à qui il est permis de porter à certains moments certains atours autrement réservés aux rois (Bascom, 1984: 30).
Etant donné la prédilection pour la divination comme mode épistémologique, l’existence de personnes spécialisées dans la divination est attestée pratiquement dans toutes les communautés africaines. En pays Igbo, c’est le Mboni qui pratique la divination, en pays Kongo, c’est le Nganga, tandis qu’en pays Fon, c’est le Bonon ou Bokonon. Ce-dernier pratique aussi le système du Fa. Fa est le messager de Mawu-Lisa. Son rôle est d’éclairer, de guider et de contrôler la destinée humaine. Le Fa est à même d’identifier la cause d’un problème et de recommender une solution. Le Fa illumine le passé, annonce l’avenir, et prescript le comportement à observer afin de connaître la paix et la prospérité. En pays Fon, comme ailleurs en Afrique, il est impératif de consulter un Bokonon avant d’entreprendre quoique ce soit d’important. Il s’agit en fait, de prendre conseil auprès des entités spirituelles, et d’avoir leur accord. Dans le Vodou en Haiti, la responsabilité de la divination incombe au Houngan (prêtre) ou à la Mambo (prêtresse).
Ama Mazama est Mambo. En outre, elle a reҫu le Fa au Bénin.
Mwikadilo Muya, La Renaissance Africaine, et la Question du Sacré
Le souhait profond de voir l’Afrique se relever, après plus de cinq cents ans d’exploitation de tous ordres, n’est pas nouveau. Le terme “renaissance africaine,” aujourd’hui populaire, ne l’est pas non plus.