Aussi le plan de la communication est le suivant
I - La fondation de l’histoire moderne de la religion africaine par Cheikh Anta Diop
II – La méthodologie de notre travail
III – La description de la cosmogonie africaine de l’antiquité
IV – La mise en évidence de l’apport conceptuel africain aux religions révélées
V – la portée de la thèse de l’origine cosmo-théologique africaine des religions révélées
I - LA FONDATION DE L’HISTOIRE MODERNE DE LA RELIGION AFRICAINE PAR CHEIKH ANTA DIOP
Au regard du thème de ce colloque « La Renaissance Africaine et San Kofa », il n’est pas exagéré d’affirmer que la Renaissance Africaine en Afrique trouve principalement ses fondements théoriques dans la pensée de Cheikh Anta Diop.
C’est la raison pour laquelle, les grandes thématiques (histoire, anthropologie, sociologie comparative, politique, philosophie, sciences exactes, etc.) développées par le savant dans son œuvre ont fait par la suite l’objet de nombreuses études par les chercheurs africains. Aucun auteur africain n’a suscité de la part de ses compatriotes autant d’intérêt scientifique.
Cependant, on peut observer que la question religieuse dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop fait partie des thèmes qui ont été insuffisamment mis à jour.
Mais ce constat est un paradoxe dans la mesure où la pensée du savant assigne au « monothéisme ancestral », une place centrale dans la Renaissance Africaine en tant que religion nationale.
L’absence d’études pertinentes sur la religion africaine a dès lors, eu pour conséquence de retarder la reconnexion spirituelle de millions d’Africains avec leurs ancêtres. La question religieuse apparaît donc actuellement comme le ventre mou du panafricanisme et de la renaissance africaine.
Au regard de ce qui précède, j’ai entrepris dans une récente étude[1], de renouveler la grille traditionnelle de lecture de l’œuvre de l’historien. Je montre que Cheikh Anta Diop contrairement au mythe qui fait de lui un fervent musulman est un partisan de la religion africaine. Il en est le défenseur, l’historien et in fine le rédempteur.
Dans cette étude, j’y ai relevé les nombreuses thèses établies par le savant Cheikh Anta Diop qui fondent ce point de vue. Je retiens ici les sept principales :
- 1 – La religion africaine est la source des religions révélées.
- 2 - La religion africaine est monothéiste dès sa naissance.
- 3 - L’évangélisation et l’islamisation de l’Afrique sont des formes insidieuses de domination à condamner.
- 4 - La religion négro-africaine de l’Afrique moderne est la continuité historique de la religion de l’Egypte ancienne.
- 5 - La religion nubienne est antérieure à la religion égyptienne.
- 6 - La religion antique africaine était aussi pratiquée en Europe et en Asie.
- 7 - Il faut reformer la religion nationale ancestrale pour mettre le continent à l’abri de toute forme d’aliénation culturelle et assurer une coexistence pacifique des religions.
L’importance de la religion dans l’œuvre du savant étant ainsi mise à jour par cette étude, je saisi l’occasion de ce colloque pour approfondir la thèse du savant africain relative aux origines africaines des religions révélées. Nous restreignons ici le champ de l’investigation au domaine philosophique. La connaissance de l’apport de ces doctrines africaines à la pensée religieuse mondiale est cruciale pour la conscience historique et la renaissance africaines.
II – LA METHODOLOGIE DE L’ETUDE
21 - Définition, délimitation et méthodes
A la suite du philosophe M. Bilolo, « Nous définissons la philosophie comme une tentative, un effort de réflexion en profondeur sur des questions fondamentales que les hommes se posent et en vue d’éclaircir, autant que faire se peut, l’énigme de Dieu (théologie)., du Monde (cosmogonie) et de l’homme (anthropologie). Selon cette définition, la théologie et la cosmogonie sont des orientations à l’intérieur de la philosophie… L’expression « cosmo-théologie philosophique » devient une tautologie. Nous avons ajouté cette épithète pour préciser qu’il s’agissait d’une théologie fondée sur la raison humaine et non d’une théologie révélée, c’est-à-dire fondée sur des textes censés révélés – le cas de la théologie chrétienne et islamique »[2]
Cheikh M’Backé, dans une étude biographique consacrée à son père, a bien vu que celui-ci distingue dans le système philosophique de l’héritage de l’Egypte ancienne trois composantes : matérialiste, idéaliste ou spiritualiste et religieuse, qui sont toutes à la source à la fois des écoles philosophiques grecques et des religions révélées[3].( Boa Ramses parle d’essence matérialiste et idéaliste de la cosmogonie égyptienne »[4].)
Pour mettre en relief, l’apport conceptuel africain aux religions dites révélées, Cheikh Anta Diop a recours à l’analyse chronologique et comparative des principaux concepts religieux entre l’Egypte Ancienne et les religions révélées. Nous sommes dans le domaine de l’histoire des idées religieuses ou de la philosophie comparée. Théophile Obinga, nous rappelle que « la comparaison en histoire est l’histoire elle-même »)[5].
22 – Bibliographie et sources de Cheikh Anta Diop
C’est principalement dans son dernier livre « Civilisation ou barbarie » parue en 1981, et plus précisément en son chapitre dix-sept (17) intitulé « Existe-t-il une philosophie africaine ? »[6], que l’auteur examine l’apport de l’Afrique aux idées philosophiques et religieuses mondiales.
Pour réaliser son analyse sur la religion égyptienne, Cheikh Anta Diop se réfère aux ouvrages de E. Amélineau, J. Pirenne, Serge Sauneron, J Yoyotte, André Aymard et Jeannine Auboyer, Solange de Ganay, Marcel Griaule et Germaine Dieterlen etc.
Mais il est aussi manifeste que Cheikh Anta Diop a vérifié ses hypothèses en allant directement aux sources pour décrypter les textes et les iconographies des anciens égyptiens eux – mêmes comme les textes des pyramides, les textes des sarcophages et le « raou nou peret em herou[7] » (Livre à la sortie du jour), les textes gnostiques de Valentin etc.
Ainsi à la page quatre – cent – treize (413) de « Civilisation et Barbarie », l’auteur donne un long extrait du chapitre XVII du ‘raou nou peret em herou » [8] dont les origines remontent aux premières dynasties. Cet extrait contient à lui tout seul, selon le commentaire de l’auteur lui – même « Tout ce que les religions révélées, le judaïsme, et le christianisme, doivent à la religion égyptienne ».
Le savant panafricain a recours donc à l’égyptologie, à l’histoire de la philosophie pour établir sa thèse.
III – LA DESCRIPTION DE LA COSMOGONIE AFRICAINE DE L’ANTIQUITE
La cosmogonie est un système d’explication de l’origine de l’univers et de l’apparition de tout ce qui est. Cheikh Anta Diop a bien vu que les systèmes de pensée hermopolitain, héliopolitain, memphite et thébain ne sont que des variantes d’une seule et même cosmogonie : la cosmogonie égyptienne. Celle-ci est attestée dans les textes des pyramides c’est-à-dire à une époque où la Grèce elle – même n’existait pas encore et encore moins le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Dans son dernier chef-d’œuvre cité ci-avant « civilisation ou barbarie », il fait un résumé de l’essentiel de ces quatre (4) « doctrines »[9].
Selon Cheikh Anta Diop, dès le début, chaque principe d’explication de l’univers est doublé d’une divinité et au fur et à mesure que la pensée philosophique se développe en Egypte et particulièrement en Grèce l’un cède le pas à l’autre.
La cosmogonie repose donc sur des concepts clés qui, à l’origine, sont tous doublés d’une divinité. En voici quelques-uns relevés par l’auteur.
Le Noum est la « matière primordiale » ou « eaux primordiale » qui est une « matière incréée sans commencement ni fin » et qui a toujours existé. C’est une « matière chaotique » qui était à l’origine, l’équivalent du « non-être » et qui sera la substance de l’univers. Cette matière contenait en l’état d’archétype toutes les essences de l’ensemble des êtres futurs qui allaient être un jour à l’existence ; ciel, étoiles, terre, air, feu, animaux, plantes, humains.
Kheper est la « loi de la transformation », le principe d’évolution de la matière à travers le temps. C’est « la loi du devenir » qui, agissant sur la matière à travers le temps, va actualiser les archétypes, les essences, les êtres qui sont longtemps créés en puissance avant d’être créés en actes.
Raest le créateur, le démiurge. En effet, entrainée dans son propre mouvement d’évolution, la matière éternelle incréée, à force de franchir les paliers de l’organisation, finit par prendre conscience d’elle-même. La première conscience émerge ainsi du Noum, c’est le Dieu Ra qui va achever la création.
Ra est un Dieu autogène ; c’est-à-dire, qu’il n’a pas été engendré. Il n’a ni père ni mère.
Ka est la parole de « ra » qui achève la création. C’est la raison universelle présente partout dans l’univers, en chaque chose. Il correspond au « verbe » des religions révélées et au « logos » des philosophes grecs.
Les quatre couples divins
Ra va créer les quatre couples divins selon la cosmogonie héliopolitainne.
Schou et Tefnut : Shou représente l’air (l’espace) et Tefnut l’humidité (l’eau).
Geb et Nut : Geb est la terre et Nut le ciel (lumière et feu).
Cheikh Anta Diop reconnait dans ces deux premiers couples les quatre éléments constitutifs de l’univers des philosophes grecs présocratiques (Thalès, Anaximandre, Héraclite, Parménide, Anaxagore), à savoir l’air, l’eau, la terre, le feu ; même Platon les adoptera encore.
Osiris et Isis : le couple humain fécond qui va engendrer l’humanité.
Seth et Nephtys : le couple stérile qui introduit le mal dans l’histoire humaine. A ce propos l’historien fait remarquer « ; ici pas de notion de péché originel ; le mal est introduit par les hommes et non par les femmes ; pas de pessimisme, ni de misogynie, typiques des sociétés nomades aryano-semites ».
Osirisle Dieu rédempteur : Seth jaloux parce que stérile tue son frère Osiris (qui symbolise la végétation à partir de la découverte de l’agriculture au néolithique). Celui-ci ressuscite pour sauver l’humanité de la faim.
Conception de l’être
Selon la pensée égyptienne, l’être est composé de trois principes (Platon, Aristote…) auxquels on pourrait en ajouter un quatrième : l’ombre.
- – Le Zed ou khet qui se décompose après la mort,
- Le ba, qui est l’âme corporelle (le double du corps, dans le reste de l’Afrique Noire)
- L’ombre de l’être.
- Le Ka = principe immortel qui rejoint la divinité au ciel après la mort. Ainsi est fondé sur le plan ontologique l’immortalité de l’Ame.
Enfin l’Ogdoade hermopolitaine est spécifiquement composée de quatre couples divins représentant les principes opposés de la nature qui seraient à l’origine des choses :
Kouk et Kouket = les ténèbres primordiales et leur opposée : les ténèbres et la lumière,
Noun et Nounet = les eaux primordiales et leur opposé : la matière et le néant,
Heh et Hehet = l’infinité spatiale et leur opposée : l’infini et le fini, l’illimité et le limité,
Amon et Amonet = le caché et le visible, le noumène et le phénomène,
Niaou et Niaouet = le vide et son opposé : le vide et le plein, la matière (plus tard).
On voit comment on pouvait construire l’univers, à partir de ces notions, qui seront aussi à la base de la philosophie occidentale et de la pensée dialectique en particulier. On voit ce que la philosophie grecque a emprunté aux africains ; La théorie des contraires d’Héraclite, la dialectique d’Aristote…les diverses cosmogonies des philosophes présocratiques, etc.
Mais pour rester dans notre sujet intéressons – nous maintenant à l’apport conceptuel africain au domaine religieux.
IV - L’APPORT CONCEPTUEL AFRICAIN AUX RELIGIONS REVELEES
Le Dieu créateur
Cheikh Anta Diop affirme « Ra est bien dans l’histoire de la pensée religieuse le premier dieu, autogène (qui n’a pas été engendré, qui n’a ni père, ni mère). »[10]
Il fait observer que le concept de Dieu (et non le mot) selon les différentes cosmo-philosophies est attesté pour la première fois en Afrique environ trois millénaires avant l’ère chrétienne : Atoum (le créateur) ou Ra (le soleil) à Iounou, Amon (l’invisible) à Ouaset, Ptah (le forgeron) à Men Néfer, Aton (le lumineux), Djehouty à Schom. Il prend donc des noms différents selon les localités. En effet si ce principe est commun (avec quelques variantes) à toutes les cosmogonies égyptiennes, le rôle de démiurge est généralement dévolu au dieu tutélaire de chaque grand centre religieux.
L’auteur s’appuie aussi sur Hérodote pour montrer que les Grecs ont emprunté leurs dieux en Egypte :
« Presque tous les noms des Dieux sont venus d’Egypte en Grèce. Il est très certain qu’ils nous viennent des barbares (étranger) : je m’en suis convaincu par mes recherches. Je crois donc que nous les tenons principalement des Egyptiens » (Hérodote ; II, 50)[11].
Le Dieu autogène
Cheikh Anta Diop considère que le caractère autogène du Dieu biblique est un héritage de la religion ancestrale d’Egypte : « En effet, Ra est bien dans l’histoire de la pensée religieuse le premier Dieu autogène (qui n’a pas été engendré, qui n’a ni père ni mère) »[12].
Comme à Iounou (Héliopolis) où le Dieu Ra est autogène, les autres grandes écoles de Men Nefer (Menphis) et de Wouaset (Thèbe) conçoivent aussi un démiurge autogène (auto-engendré) à l’origine du premier couple divin, lequel engendra aussi les autres divinités et la création.
Dieu Unique
Le créateur apparaît d’emblée en tant que « Dieu » unique, créateur du ciel, de la terre et des hommes.
Dans la religion égyptienne, le démiurge Atoum est l'entité créatrice de l'Univers issue du Noun (l'océan primordial). Il vient à la vie en prenant conscience de son existence et, par le verbe et la pensée, il crée toutes choses.
Dieu qui crée par le verbe
L’idée dans les religions révélées de « Dieu qui crée par le verbe » est un héritage de la cosmo-philosophie égyptienne selon Cheikh Anta Diop. Elle est la réplique de l’expression « Ra qui crée par la parole » :
« RA est le premier Dieu, le premier Demiurge de l’histoire qui ait créé par le verbe. Tous les autres Dieux de l’histoire sont venus après lui et il existe un rapport historique démontrable entre la parole de Ra, le Ka, ou la raison universelle présente partout dans l’univers, et en chaque chose – et le logos de la philosophie grecque ou le verbe des religions révélées. »[13]
Le couple primordial
« Le couple primordial Adam et Eve » que Cheikh Anta Diop repère dans la Bible n’est pour lui qu’une réplique tardive du couple Osiris et Isis de la religion égyptienne : « Osiris et Isis, le couple humain fécond qui va engendrer l’humanité (Adam, Eve) »[14].
L’introduction du mal dans l’histoire humaine par un couple humain
Dans l’analyse comparative faite par Cheikh Anta Diop, il ressort que l’introduction du mal dans l’humanité par le couple Adam et Eve selon la Bible est la réplique exacte du mal qu’introduisirent Seth et Nephtys dans les textes anciens africains : « Seth et Nephtys : le couple stérile qui introduira le mal dans l’histoire humaine »[15].
Le Dieu rédempteur
Cheikh Anta Diop montre que, dans la religion chrétienne, l’idée du Christ, fils de Dieu, qui meurt et ressuscite pour sauver l’humanité et monte au ciel pour s’assoir à la droite de son père est une réplique tardive de celle de la religion de l’Egypte antique où Osiris, fils de Ra, tué pas son frère Seth, ressuscite pour sauver l’humanité et monte au ciel :
« D’autre part, Seth jaloux parce que stérile tue son frère Osiris (qui symbolise la végétation, à partir de la découverte de l’agriculture au néolithique). Celui-ci ressuscite pour sauver l’humanité de la faim. Osiris est le Dieu Rédempteur… En tout cas Osiris est bien le Dieu qui, trois mille avant le Christ, meurt et ressuscite pour sauver les hommes. Il est le Dieu rédempteur de l’humanité ; il montera au ciel à la droite de son père, le grand Dieu Ra. Il est le fils de Dieu ».
Le Christ
La connaissance de la langue pharaonique par Cheikh Anta Diop lui permet d’affirmer que le mot Christ, lui-même, est d’origine égyptienne :
« Le terme Christ ne serait pas une racine indo-européenne. Il viendrait de l’expression égyptienne pharaonique «Kher Sesheta » ; «Celui qui veille sur les mystères », et qui était appliqué aux divinités Osiris, Anubis, etc. Il a été appliqué à Jésus au 4ème siècle après contamination religieuse »[16].
Pour Cheikh Anta Diop, la figure du Christ est incontestablement un héritage de l’Egypte ancienne : « Les religions monothéistes actuelles dérivent de la religion égyptienne en particulier la figure du Christ qui est identifiable point par point à celle d’Osiris »[17].
Hilaire Essoh Ngome dans son livre Parenté ethnoculturelle de l’Egypte ancienne et du monde bantu[18] édité en 2014 attire notre attention sur le mot « KHRST » qu’il relève dans le chapitre 162, intitulé « formule pour faire naitre une flamme sous la tête du bienheureux, du « livre des morts des anciens égyptiens »[19] de Barguet.
Cette formule montre comment un défunt devient un « KHRST » à travers un rituel funéraire savamment bien orchestré.
Cette découverte a fait dire à Hilaire Essoh Ngome « que la religion traditionnelle africaine, qu’elle soit de l’Egypte Ancienne ou de l’Afrique Noire actuelle, est une sorte de « Khristianisme » traditionnel »[20]
On peut souligner que pour devenir KHRST il faut absolument subir un rituel précis.
Voici donc ce passage :
« Paroles à dire : salut à toi maître de puissance…tu es le dieu puissant qui vient à celui qui l’invoque, qui sauve le malheureux du besoin. Ainsi vient à ma voix ! je suis la vache -ihet ; ton nom est dans ma bouche et je vais le dire…
Pa-en-HQ-HGH est ton nom ;
IRI -IQRS INQ – RBT est ton nom ;
Queue de lion-bélier est ton nom ;
KhRST est ton nom. »[21]
Boire le sang et manger la chair du christ
«Dans Le livre des morts, il est dit 1500 ans avant Jésus-Christ : «Ceci est la propre chair d’Osiris ».
Dionysos, réplique d’Osiris en Méditerranée septentrionale, dira 500 ans avant Jésus-Christ :
« Bois, ceci est mon sang… Mange, ceci est ma chair Et l’on voit comment la dégradation de pareilles croyances peut conduire à la notion de sorcier mangeur d’homme en Afrique noire » .
La trinité
La méthode comparative permet à Cheikh Anta Diop d’établir que le concept de trinité dans la religion chrétienne est un emprunt à la religion antique égyptienne :
« La cosmogonie égyptienne dit également : « Je suis un, je deviens trois » ; cette notion de trinité remplit toute la pensée religieuse égyptienne et se retrouve dans les multiples triades divines tels que Osiris-Isis-Horus ou ra le matin, à midi, le soir. »[22]
L’Immaculée conception
Cheikh Anta Diop nous apprend aussi que le concept de l’immaculée conception n’est pas une invention de la Bible, il est attesté dans la religion égyptienne des siècles avant la naissance de la religion chrétienne : « La génisse (symbole d’Hathor) reçoit sur elle un rayon descendu du ciel et de ce fait « enfante » le Dieu Apis : il s’agit sans conteste possible d’une préfiguration de l’immaculée conception de la sainte vierge »[23].
Le principe de l’immortalité de l’être et l’âme
L’une des contributions exclusives et majeures du nègre à l’histoire des idées pour Cheikh Anta Diop est le concept de l’immortalité de l’âme, comme on le lit dans ces deux citations :
«Le Ka = principe immortel qui rejoint la divinité au ciel après la mort. Ainsi est fondée sur le plan ontologique l’identité de l’être ontologique, l’immortalité de l’être (3000 ans avant la naissance des religions révélées). Chaque homme possède une parcelle de la divinité qui remplit le cosmos et le rend intelligible à l’esprit. C’est peut-être à ce titre que la cosmogonie égyptienne fait dire à Dieu « qu’il a fait l’homme à son image»[24].
« La parcelle de Ka individuel rejoint le ka universel – l’intellect ou l’âme du monde – et ne se perd jamais dans le grand tout ; ainsi la philosophie égyptienne a inventé l’immortalité de l’âme dès l’ancien empire, 2600 ans avant Jésus-Christ et même plus tôt, comme en font foi les textes des pyramides, plus de 1000 ans avant la première religion révélée »[25].
Le paradis, l’enfer et le tribunal des morts dans l’au-delà
Cheikh Anta Diop a bien vu aussi que les concepts de tribunal des morts, de paradis et d’enfer dans les religions juive, chrétienne et islamique trouvent leur origine dans la religion d’Osiris :
« La religion d’Osiris est la première en date dans l’histoire de l’humanité, à inventer les notions de paradis et d’enfer. Deux mille ans avant Moïse, et 3000 ans avant le Christ, Osiris, la personnification du bien, présidait déjà le tribunal des morts dans l’au-delà, coiffé du Atew ou Arel…On pense que le champ d’Aarou, le paradis égyptien, a servi de modèle pour les Champs Elysées d’Homère, contemporain de Piankhi ou de Shabaka, et qui aurait visité l’Egypte, d’après la tradition grecque même »[26].
Dans Civilisation ou barbarie, Cheikh Anta Diop faisait observer les similitudes entre la tradition islamique et celle de la vallée du Nil qui l’avait précédée de plusieurs millénaires. Il écrit à ce sujet :
« L’enfer de la religion égyptienne représenté dans le tombeau de Séthi Ier, père de Ramsès II (XIXe dynastie, 1300 av. J.-C.). Un serpent monstrueux forme avec ses boucles un pont hideux suspendu dans le vide, au-dessus de l’enfer, dont les geôliers attisent les flammes. Le mort, à droite, face à la gueule du serpent, n’est soutenu que par ses actions antérieures sur terre pour traverser ce pont et gagner le paradis. Si le bien l’emporte, il est sauvé. Dans le cas contraire, il est précipité dans les flammes de l’enfer qui le dévorent. C’est bien le siratal moustakhima de l’islam, 1700 ans avant la naissance du prophète Mahomet, et l’on saisit le lien historique indéniable qui existe entre la religion ancestrale égyptienne et les religions révélées. On aurait pu reproduire aussi le tribunal d’Osiris (Aras de l’islam), le jour du Jugement dernier »[27].
Au total, la cosmo-théologie ancienne de l’Afrique jettent une lumière inattendue sur les emprunts inavoués des religions révélées. Elle souligne la parenté historique des trois religions révélées avec la pensée religieuse égyptienne.
Aussi ces doctrines seront indispensables aux africains s’ils veulent reconstruire leur religion ancestrale.
V – LA PORTEE DE LA THESE DE L’ORIGINE COSMO-THEOLOGIQUE AFRICAINE DES RELIGIONS REVELEES.
L’enjeu de la thèse de l’origine philosophique des religions révélées est rien moins que la promesse de la renaissance religieuse africaine. Aussi quatre problématiques peuvent – être formulées :
- La réécriture de l’histoire philosophique et religieuse et la fin de la falsification.
- L’antiquité nubio-egyptienne comme concept scientifique opératoire pour la rénovation de la pensée et de la religion à partir d’un terrain historique.
- L’impact de la théorie de l’origine africaine des religions dites révélées sur la conscience des africains.
- L’afrocentricité : une théorie sociale pour la renaissance culturelle et religieuse du peuple kamit.
- La réappropriation des textes sacrés et en particulier le « Raou nou peret em herou » comme cadre de références des traditions actuelles.
51 – La réécriture de l’histoire philosophique et religieuse et la fin de la falscification.
En posant la théorie de l’origine philosophique africaine des religions révélées l’auteur établit d’emblée l’antériorité historique des idées religieuses négro-africaines dans l’histoire. Il prend ainsi le contre – pied du discours pseudo-scientifique et de la propagande religieuse en usage au moins depuis l’invention de l’Egyptologie au XIXème ème siècle. Cette théorie est une contribution majeure à la fin définitive de la falsification de l’histoire de la philosophie et en particulier à celles des idées religieuses des peuples africains.
Il s’agit d’une rupture épistémologique considérable dans la mesure où l’auteur, en rompant avec les idées reçues et les postulats pseudo-scientifiques, en recourant à une méthodologie rigoureuse notamment la prise en compte des sources écrites des anciens égyptiens eux – mêmes, aboutit à des résultats nouveaux qui marquent en réalité - et cela n’est jamais assez souligné – la naissance de l’histoire moderne de la religion.
Si dans le cadre de cet exposé, je me suis limité principalement aux sources cosmo-théologiques philosophiques des religions révélées, le lecteur aura cependant compris que la théorie de l’origine africaine émise par Cheickh Anta Diop couvre en réalité tout le champ de la philosophie. En effet l’auteur montre dans « civilisation ou barbarie » comment la philosophie grecque a aussi massivement puisé dans les textes sacrés de l’Egypte ancienne.
Son travail comme il le commente lui-même permet de « retrouver les chemins sinueux qu’ont suivis les doctrines philosophiques antiques à partir de l’Egypte. Elles jettent une lumière inattendue sur les emprunts inavoués des Grecs à la pensée égyptienne… »[28].
52 – Le recours à l’antiquité nubio-égyptienne : un concept opératoire et fécond pour la rénovation de la pensée religieuse africaine à partir d’un terrain historique.
Dès lors, par l’établissement de la thèse de l’origine philosophique africaine des religion révélées, nous voyons clairement à la suite du professeur lui – même que le recours à ce corpus de textes antiques est une exigence scientifique pour l’étude des doctrines cosmogoniques actuelles de l’Afrique noire et in fine est nécessaire pour « l’archéologie de la pensée africaine » et « ne serait-ce que pour cela, leur étude sera toujours indispensable au penseur africain, s’il veut bâtir une tradition intellectuelle à partir du terrain historique »[29]
En rompant avec la falsification historique, l’auteur offre désormais au chercheur une masse importante de documents écrits datant d’au moins 5000 ans et d’une profondeur historique de 3000 ans pour la connaissance de « la religion ancestrale ».
Les perspectives ouvertes par le savant sont insoupçonnées et illimitées pour la spiritualité contemporaine africaine.
Aussi le retour à l’Egypte ancienne préconisé par l’auteur dès ses premières publications pour bâtir un corps de connaissances solides ne se limite pas seulement aux domaines des sciences et des arts mais il s’étend aussi à la religion et cela est très peu mis en évidence dans les travaux consacrés à la pensée du professeur.
En 1954, dans Nations nègres et culture, le jeune savant africain d’alors fait-il cette révélation fracassante que le dieu égyptien Amon est le Dieu de toute l’Afrique noire, y compris l’Egypte ancienne[30] :
Avant Cheikh Anta Diop, Maurice Delafosse avait déjà remarqué en 1901 que, comme chez les anciens Egyptiens, l’attribut du Dieu Amon chez les Baoulé était le bélier.[31] :
Cheikh Anta Diop établit ainsi fermement donc l’unité historico-géographique de la religion africaine de l’antiquité nubio-egyptienne à l’époque moderne :
« Les cosmogonies nègres, africaines et égyptiennes, sont si proches les unes des autres qu’elles se complètent fréquemment. Il est frappant que pour comprendre certaines conceptions égyptiennes, il soit nécessaire de se référer au monde noir »[32].
Il fixe ainsi chez les africains les bases de la conscience d’un destin partagé nécessaire à la création de l’unité politique.
53 – L’impact de la théorie de l’origine africaine des religions dites révélées sur la conscience des africains convertis.
Pour Cheikh Anta Diop, la connaissance du passé et de tout le passé y compris le passé religieux permet de rétablir la continuité historique. Or c’est cette continuité qui appelle la conscience historique ; étape nécessaire à la reprise de l’initiative historique.
Il est indéniable que Cheikh Anta Diop invite tous les africains à prendre conscience que la religion africaine est la religion nationale et que par conséquent elle constitue la base de la civilisation africaine. Elle est, en dernière instance, le rempart le plus sûr contre toute aliénation culturelle insidieuse de l’étranger ainsi qu’il l’affirme dans son œuvre. La Maat est son principe de base. Les africains doivent agir donc à la protéger en la reformant.
La théorie de l’origine africaine des religions dites révélées à des effets redoutables sur la conscience des africains convertis. En effet comme le suggère Doué Gnonsea[33], il y a un effet inattendu de l’introduction du facteur temps dans l’histoire religieuse africaine qui met face-à-face l’histoire et le présent des pensées religieuses étrangères et africaines.
En effet, les adeptes africains des religions étrangères découvrent avec stupeur que celles-ci ont une dette incommensurable envers la religion de leurs ancêtres dans la mesure où « la religion d’Amon » est la source philosophique du christianisme et de l’islam.
Ils prennent alors conscience que l’Egypte, décrite si négativement dans la littérature sacrée de ces religions étrangères (Thora, Bible et Coran) est le pays de ses ancêtres. Le roi africain (pharaon) y est présenté comme l’incarnation du mal. La descendance de Cham, père biblique des Noirs, est frappée par la malédiction. Cette malédiction de Cham a servi de prétexte pour les juifs, l’Eglise et les musulmans pour engager la guerre religieuse contre les noirs. Ce phénomène est connu par les historiens occidentaux sous les euphémismes de « Traite négrière et esclavage » et « colonisation ». Ainsi, écrit Doué Gnonsea :
« Donc, pour l’Africain pratiquant ces cultes non africains, se pose inévitablement le problème de l’adéquation entre son engagement religieux et sa conscience historique telle qu’elle est reconstruite par les travaux de Cheikh Anta Diop et de Théophile Obinga »[34].
54- L’afrocentricité ; la naissance d’une théorie sociale africaine pour la renaissance culturelle.
Il convient cependant de souligner que l’appel du savant africain à la renaissance religieuse a été entendu et compris par quelques rares intellectuels panafricains ; notamment ceux dit de « l’école de l’afrocentricité ». Ceux – ci vont approfondir, systématiser sa pensée et ouvrir une nouvelle perspective en encourageant ouvertement le retour impératif des Africains conscients à leur religion ancestrale.
En effet sur la base notamment des travaux de Cheikh Anta Diop, le philosophe Molefi Kete Asante assoit vers 1980 la théorie de l’afrocentricité qui vise en définitive à remettre au centre de la pensée et de l’action de l’Africain les expériences historique, scientifique, philosophique et religieuse et autres de ses ancêtres.
Ayant fait le même constat que Cheick Anta Diop au sujet de l’effet aliénant de l’islamisation et de l’évangélisation sur les Africains, Molefi Kete Asante insiste plus que Diop sur l’incompatibilité entre la personnalité africaine et l’appartenance aux religions dites révélées :
« L'effet le plus mutilant de l'islam, aussi bien que du christianisme pour nous, est l'adoption de coutumes et comportements non africains, dont certains sont en contradiction directe avec nos valeurs traditionnelles »[35].
Ama Mazama dans son ouvrage « Religion et renaissance africaine » paru en 2010[36], va donner un contenu précis, une organisation et une feuille de route à la renaissance religieuse africaine en y proposant notamment que les fondements de la religion rénovée africaine reposent sur la cosmogonie – théologie de l’antiquité kamit.
Aussi Ama Mazama, peut affirmer quelques années plus-tard et avec un peu de recul :
« …Il me plait de dire aujourd’hui qu’en fait la quête afrocentrique est en dernière instance une quête spirituelle. En effet en exigeant de nous le retour à notre matrice culturelle, l’Afrocentricité nous mène directement à nos ancêtres car ces derniers sont bien en dernière instance, le pillier central de cette matrice… »[37].
CONCLUSION,
Il y a comme un voile de pudeur jeté sur la question religieuse dans l’œuvre du savant africain Cheikh Anta Diop, comme si on redoutait les conséquences de ses idées pour l’ordre dominant actuel.
Aussi si Cheikh Anta Diop a bien réussi à faire de l’Egypte nègre un fait de conscience historique, il reste cependant que sa thèse relative à l’origine africaine des religions dites révélées est souvent passée sous silence retardant ainsi la reconnexion des millions d’Africains avec leurs ancêtres.
Cet exposé sur la théorie de l’origine philosophique africaine des religions révélées permet de mettre en lumière une idée fondamentale de Cheikh Anta Diop à savoir que l’Afrique est le berceau des idées religieuses.
Aussi cette théorie établit que tous les premiers concepts religieux, qu’on retrouve plus tard dans les textes sacrés ultérieurs (la Thora, la Bible et le Coran) : monothéisme, sauveur, paradis, enfer, jugement dernier, fils de Dieu, immaculée conception… se trouvent tous déjà consignés dans la première écriture sacrée de l’humanité, les Mdw Ntr (Paroles de Dieu)[38].
Les enjeux de cette théorie sont donc considérables pour la société africaine. Au niveau scientifique elle contribue à la réécriture de l’histoire des relations interreligieuses dans le monde. Aussi elle fait du recours à l’antiquité égyptienne un concept opératoire pour les études africaines et nécessaire à la reconstruction de la pensée et de la religion africaine. Sur le terrain religieux elle interpelle les africains convertis et les met face à leur responsabilité. Enfin la théorie de l’afrocentricité élaborée par Keté Asanté à la suite des travaux de Cheikh Anta Diop et développée par Ama Mazama apporte un dynamisme nouveau à la renaissance religieuse africaine déjà engagée par Cheikh Anta Diop.
BIBLIOGRAPHIE
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YOSSI TRAORE Adama, Cheikh Anta Diop, l’historien de la religion d’Amon, Afrocentricity International, Inc. Philadelphia, 2017. (A paraitre bientôt).
[1] Yossi Traoré Adama, Cheikh Anta Diop, l’historien de la religion d’Amon, Afrocentricity International, Inc. Philadelphia, 2017. (A paraitre bientôt).
[2] M. Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l’Egypte antiques, vol 1, Menaibuc, Paris, 2003, page 5 et 6.
[3] Diop, Cheikh M’Backé, L’homme et l’œuvre, Présence Africaine, 2003. Citation : « …les systèmes philosophiques de l’Egypte ancienne recèlent trois composantes ; matérialiste, idéaliste ou spiritualiste et religieuse ; celles -ci sont à la source des écoles philosophiques qui se sont développées ultérieurement en Grèce en particulier avec Démocrite, Epicure, Pythagore, Platon, que les systèmes philosophiques de l’Egypte ancienne sont également à la source des religions révélées (Judaïsme, christianisme, Islam). « CAD l’homme et l’œuvre ».
[4] Ramsès L. Boa Thiemele, Recherches philosophiques, tome 1, Quelle philosophie pour l’Afrique, EDUCI, Abidjan, 2005.
[5] T. Obinga, Cheikh Anta Diop, Volney et les Spinx, Khepera/Présence Africaine, Paris, 1996.
[6] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981.
[7] Il s’agit du célèbre livre sacré africain maladroitement appelé par les égyptologues occidentaux « livre des morts ». Le titre authentique est : « Raou Nou Peret em Herou »[7]. C’est-à-dire littéralement en français « formules pour la sortie dans la lumière du jour » ou en abrégé «Peret em hérou » traduit par la « sortie dans la lumière du jour ».
[8] Il s’agit d’un extrait du « raou nou peret em heru » cité dans « prolégomènes à l’étude de la religion égyptienne » de E. Amélineau.
[9] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981. Page 388.
[10] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981, page 391.
[11]Cheikh Anta Diop, Nations nègres et culture, Présence africaine, Paris, 1954, 1979, page 400
[12]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence Africaine, Paris, 1981, page 391
[13] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981, page 390.
[14]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981, page 390
[15]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 391
[16]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, présence africaine, Paris, 1981, page 391
[17] Cheikh Anta Diop, L’antiquité africaine par l’image, les Nouvelles Editions Africaines, Dakar, Abidjan, 1976, pages 7 et 8.
[18] Hilaire Essoh Ngome, Parenté ethnoculturelle de l’Egypte ancienne et du monde bantu, Editions Menaibuc, Paris , 2014, Pages 381 et 382.
[19] Paul Barguet, Le livre des morts des anciens égyptiens, Les éditions du Cerf Paris, 1967.
[20] Hilaire Essoh Ngome, Parenté ethnoculturelle de l’Egypte ancienne et du monde bantu, Editions Menaibuc, Paris , 2014, Page 382.
[21] Paul Barguet, Le livre des morts des anciens égyptiens, Les éditions du Cerf Paris, 1967. Pages 228 et 229.
[22]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 391
[23]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 391
[24]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 392
[25]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 416
[26]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 416
[27]Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 417.
[28] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 405.
[29] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou barbarie, Présence Africaine, Paris, 1981, page 405.
[30] « Or, Champollion-Figeac, lors de son passage en Nubie en 1833, nous instruit de l’androgénie divine d’Amon, Dieu Suprême du Soudan Méroétique et de l’Egypte… Amon est également le Dieu de toute l’Afrique noire. Soit dit en passant qu’au Soudan Méroétique, en Afrique noire et en Egypte, Amon est lié à l’idée d’humidité, à l’idée d’eau. Son attribut dans tous ces pays est le bélier… C’est ainsi que dans le livre au titre significatif, Dieu d’eau de Marcel Griaule qui traite, entre autres, du dieu dogon Amma, ce dernier apparait sous la forme d’un Dieu Bélier avec une calebasse entre les cornes (disque d’Amon) ».
[31]M. DELAFOSSE, Sur les traces probables de la civilisation égyptienne et d’hommes de race blanche à la Côte d’Ivoire, Paris Masson et Cie, Editeurs, 1901. Disponible à la Bibliothèque de Kemetmaat.
29.DOUÉ Gnonsea, Cheikh Anta Diop, Théophile Obinga : Combat pour la renaissance africaine, L’Harmattan, Paris, 2003 (réimpression 2015), page 259.
30. DOUÉ Gnonsea, Cheikh Anta Diop, Théophile Obinga : Combat pour la renaissance africaine, L’Harmattan, Paris, 2003 (réimpression 2015), page 259.
[35] Molefi Kete Asante, Afrocentricité, traduit de l’anglais par Ama Mazama, Afrocentricity International, Inc. Philadelphia, 2014.
[36] Ama Mazama, Religion et Renaissance Africaine, Mambo Presse, 2010.
[37] Ama Mazama, Moi, Manbo, Pera aat Universelle, ma vie. Mon engagement, Afrocentricity International, Inc. Philadelphia, 2015. Pages 100 et 101.
[38] Traduite par « hiéroglyphes » par les Grecs.